No-code : de l’accélération des startups à la révolution des processus internes
Le no-code est souvent perçu comme une solution permettant de créer rapidement des sites web ou des applications sans écrire une ligne de code. Cet usage, particulièrement utile pour les entrepreneurs qui veulent tester et lancer un produit, est aujourd’hui bien établi. Mais une autre facette du no-code, plus discrète mais tout aussi puissante, est en train d’émerger : les "no-code Ops".
Cette approche repose sur l’idée que ces outils ne servent pas uniquement à concevoir des produits destinés aux clients, mais aussi à optimiser l’organisation interne des entreprises. En structurant mieux les données, en automatisant des tâches répétitives et en interconnectant les outils, le no-code devient un levier stratégique pour gagner en productivité et en efficacité opérationnelle. Les startups l’ont bien compris et vont même jusqu’à remplacer Excel par Airtable, Word par Notion, et à automatiser leurs processus via Zapier, transformant ainsi en profondeur leur manière de travailler.
Pour mieux comprendre cette mutation, nous avons échangé avec Erwan Kezzar, cofondateur de Contournement, une référence française dans l’apprentissage du no-code. Erwan et son équipe interviennent également dans le Startup Launchpad pour une masterclass dédiée à ce sujet. Dans cet entretien, il partage son regard sur les opportunités offertes par les outils no-code, leurs limites et les bonnes pratiques pour les adopter efficacement.

"Le no-code, c’est la bureautique de nouvelle génération"
Mais que désigne exactement le terme "no-code" ? Selon Erwan Kezzar, il s’agit d’une nouvelle famille d’outils accessibles aux profils non-techniques permettant de créer des logiciels & applications hébergés dans le cloud et sans écrire une ligne de code. Sans avoir à rien installer ou héberger : tout est géré pour vous.
Bien que le mouvement no-code ait explosé ces dernières années, son origine remonte à plusieurs décennies. "On pourrait même dire que Microsoft Access, dans les années 80, était déjà une forme de no-code", explique-t-il. Mais c’est après 2018 que les solutions ont commencé à devenir vraiment matures que le concept a vraiment pris son envol avec l’émergence de plateformes comme Webflow pour la création de sites web, Bubble pour les applications ou encore Zapier pour l’automatisation.
Pour Erwan, ces outils ne sont pas qu’un simple phénomène de mode mais un véritable mouvement technologique, et surtout une évolution plus qu’une révolution : le no-code redéfinit la bureautique telle qu’on la connaît. De plus en plus d’entreprises remplacent Word par Notion et Excel par Airtable, optant ainsi pour des solutions plus flexibles et collaboratives.
Plusieurs facteurs expliquent cette évolution :
- L’essor du cloud computing : créer un service SaaS est bien plus simple aujourd'hui qu’il y a 15 ans.
- La connectivité constante : tout le monde est en permanence en ligne, ce qui facilite l’usage d’applications cloud.
- L'évolution des usages : il y a 15 ans, le grand public n'était pas encore familier avec les plateformes en ligne (Facebook, Airbnb, etc.). Aujourd’hui, les conventions UX sont standardisées, facilitant la conception et l’adoption des logiciels.
- Les performances accrues des navigateurs : le no-code repose sur des outils complexes qui nécessitent des navigateurs puissants. L’évolution technologique a rendu possible l’essor de ces plateformes.
Le no-code, un atout majeur pour les entrepreneurs
Lorsqu’un entrepreneur se lance, il doit tester rapidement son idée, ajuster son offre et structurer son organisation. "Le no-code lui permet de faire tout cela sans avoir besoin de lever des fonds ou d’attendre des mois qu’un développeur lui construise un premier produit", explique Erwan Kezzar.
Les principaux avantages du no-code pour les entrepreneurs :
- Gagner du temps et de l’argent : avant, il fallait investir des milliers d’euros pour développer une application. Aujourd’hui, avec Softr ou Glide, un entrepreneur peut créer un MVP en quelques jours.- voire quelques heures si il/elle s’y prend bien.
- Acquérir une compétence clé : aujourd’hui, maîtriser les bases du no-code est aussi essentiel que savoir utiliser Excel. Celui qui ne s’y met pas risque de dépendre des autres et de ralentir son projet.
- Mieux comprendre ses besoins techniques : même si à terme un projet nécessitera du développement sur mesure, avoir créé un premier prototype en no-code permet d’être plus pertinent dans ses échanges avec les développeurs.

Les No-code Ops : la face cachée de la révolution no-code
Si le no-code est souvent perçu comme un moyen rapide de créer des produits destinés à des utilisateurs externes, Erwan insiste sur un aspect tout aussi fondamental mais moins visible : son impact sur l’optimisation des processus internes des entreprises.
"Ce qu’on appelle les ‘No-code Ops’, c’est l’idée que ces outils ne servent pas seulement à créer un site ou une app, mais aussi à automatiser des tâches, structurer des données et fluidifier l’organisation d’une entreprise."
Autrement dit, l’approche no-code ne se limite pas à la création d’applications : elle permet aussi d’améliorer la productivité, de réduire les erreurs et d’automatiser des tâches répétitives, le tout sans avoir besoin d’une équipe de développement dédiée. Ce phénomène s’apparente à une "bureautique de nouvelle génération", où les entreprises repensent entièrement leur façon de travailler en adoptant des outils plus flexibles et interconnectés.
Quelques exemples concrets :
- Remplacer les fichiers Excel complexes par des bases de données dynamiques
De nombreuses entreprises se reposent encore sur des fichiers Excel tentaculaires, souvent sources d’erreurs et difficiles à maintenir. Avec Airtable, elles peuvent structurer leurs données de manière plus intuitive, tout en bénéficiant d’une meilleure ergonomie et de fonctionnalités avancées comme les automatisations et les permissions d’accès. Jusqu’à digitaliser des process entiers, et créer de véritables solutions internes de bout en bout.
- Automatiser les tâches répétitives et réduire la charge mentale
Un salarié peut perdre des heures chaque semaine à copier-coller des informations entre plusieurs outils. Grâce à Zapier, ces transferts peuvent être automatisés en quelques clics : par exemple, une nouvelle entrée dans un formulaire Typeform peut être automatiquement enregistrée dans une base Airtable et déclencher l’envoi d’un email de confirmation.
- Réinventer l’organisation interne des entreprises
Certaines startups vont encore plus loin et abandonnent complètement les logiciels bureautiques traditionnels. Plutôt que d’utiliser Word et Excel, elles basculent vers Notion et Airtable, qui leur offrent une gestion de l’information plus fluide et centralisée. Ce changement leur permet de gagner en efficacité, en collaborant plus facilement et en limitant la dispersion des données entre différents outils.

Éviter les pièges du no-code
Si le no-code représente une opportunité exceptionnelle pour les entreprises et les indépendants, il ne doit pas être utilisé sans discernement. Comme toute technologie, son efficacité dépend de la manière dont on l’emploie. "Ce n’est pas parce qu’on peut tout construire soi-même qu’on doit forcément le faire", prévient Erwan.
Voici, d’après lui, les erreurs fréquentes à éviter :
- Passer trop de temps à développer des solutions internes inutiles : le no-code permet de créer des outils sur mesure, mais il ne faut pas réinventer la roue. Plutôt que de recréer un CRM en no-code, il est parfois plus efficace d’utiliser une solution existante comme HubSpot. L’objectif est d’optimiser son temps et ses ressources, et non de reconstruire des outils qui fonctionnent déjà très bien.L’essentiel est que ces roues existantes soient modernes et interconnectables simplement avec le reste de ses outils, via des outils no-code comme Zapier ou Make.
- Tout déléguer sans comprendre les bases : externaliser totalement la gestion de son infrastructure no-code est une erreur. Il est essentiel de comprendre les outils que l’on utilise pour garder le contrôle sur ses processus et éviter une dépendance excessive à des prestataires. Une connaissance de base, acquise facilement avec une formation de seulement quelques jours, permet aussi d’adapter plus facilement ses solutions aux évolutions des besoins de l’entreprise.
- Automatiser un processus inefficace : un mauvais processus reste inefficace, même avec le meilleur outil du monde. Avant d’automatiser une tâche, il est crucial d’analyser et d’optimiser le processus sous-jacent. Automatiser une procédure bancale ne fera que reproduire ses défauts à plus grande échelle.
Vers une montée en compétences incontournable
Au-delà de ces précautions, le no-code devient un atout stratégique dans le monde du travail. Erwan Kezzar observe une mutation en cours : "De plus en plus d’entreprises recherchent des profils qui savent manier ces outils."
On voit d’ailleurs de plus en plus de profils non-techniques qui veulent acquérir une véritable 2e compétence de digitalisation via les outils no-code, en plus de leur métier de base (marketing, RH, gestion de projet, etc.). Un signe concret de ces évolutions et de ses tendances et par exemple le fait que l'État ait récemment reconnu des certifications officielles autour des compétences no-code, comme par exemple la première du genre, qui a été déposée par Contournement : la certification RS6601 - “Numériser et optimiser un processus métier avec des outils no-code” .
Autrement dit, la maîtrise du no-code n’est plus un simple avantage, mais une compétence de plus en plus recherchée. Que ce soit pour optimiser des workflows, automatiser des tâches ou développer des solutions internes, ces outils sont en train de redéfinir la manière dont les entreprises fonctionnent au quotidien.
Se former au no-code, c’est donc non seulement gagner en autonomie, mais aussi s’adapter aux nouvelles exigences du marché du travail.

Conclusion : Le no-code, un levier durable pour l’innovation et la productivité
Bien plus qu’une simple tendance, le no-code s’impose comme un véritable accélérateur pour les entrepreneurs et les entreprises. Il permet de tester et de lancer des idées rapidement, sans dépendre immédiatement d’une équipe technique. Mais son impact ne s’arrête pas là : il redéfinit aussi la manière dont les entreprises structurent et automatisent leur travail.
Toutefois, le no-code n’a pas vocation à remplacer les développeurs ou les outils traditionnels. Comme le souligne Erwan Kezzar : "Il ne s’agit pas de remplacer tous les développeurs ou tous les outils existants, mais de savoir comment et quand utiliser ces solutions intelligemment". Son adoption repose donc sur une approche réfléchie : savoir quand l’utiliser, comment l’intégrer efficacement, soi-même ou déléguer à un prestataire, et ne pas chercher à tout recréer en no-code si des solutions éprouvées existent déjà.
Aujourd’hui, le no-code n’est plus seulement une ressource-clef pour lancer un produit, c’est aussi un levier pour innover et optimiser l’organisation du travail. Avec l’essor du no-code Ops, il devient même un élément structurant de la productivité des entreprises, leur permettant d’automatiser leurs processus et de fluidifier leur gestion interne. Loin d’être un simple outil d’expérimentation, le no-code est en train de redéfinir le fonctionnement des organisations. Son avenir ne fait que commencer.
À propos d’Erwan Kezzar
Erwan Kezzar est le cofondateur de Contournement.io, une référence en matière de formation au no-code en France. Avant de se consacrer pleinement à cette approche, il avait déjà contribué à la démocratisation des compétences numériques en cofondant Simplon.co, une école de code solidaire.
Avec Contournement, il s’attache aujourd’hui à rendre le no-code accessible à tous, à travers des formations et des ressources adaptées aux professionnels et aux entreprises. Convaincu que le no-code représente une révolution comparable à celle des logiciels bureautiques, il œuvre pour en faire un outil structurant du monde du travail et de l’entrepreneuriat.
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